La communication linguistique des deux côtés de la Manche !

Les habitants du sud-est de l’Angleterre et des Hauts-de-France partagent des analogies de comportements, de goût et de valeurs, liés à une proximité géographique, mais surtout à une longue histoire de voisinage. Reste que paradoxalement, des deux côtés de la Manche, l’usage du français et de l’anglais est très largement défaillant.

On peut comprendre la faible appétence de nos voisins vis-à-vis de la langue de Voltaire en considérant l’omniprésence de l’anglais, mais c’est beaucoup moins compréhensible de la part des habitants du littoral.

Et pourtant au fil du temps, n’avons-nous pas vu, ici, sur le littoral les Britanniques investir aussi bien dans le domaine résidentiel que de celui des entreprises. On pourrait d’ailleurs ajouter que la vitalité du commerce du littoral repose sur son attractivité auprès de la population du sud-est de l’Angleterre.  D’évidence,  notre intérêt bien compris est de disposer d’une compétence linguistique minimum. Or, celle-ci n’est malheureusement pas la hauteur de ce que l’on pourrait s’attendre.

Difficile de pointer les causes de ce phénomène bien dommageable, mais, par contre, ne pourrions-nous pas réfléchir collectivement pour y trouver des solutions.

De par notre histoire mêlée, nous avons l’avantage de partager un large vocabulaire commun. La difficulté majeure réside du fait que l’anglais est une langue accentuée, alors que la nôtre ne l’est pas. Cette difficulté peut être toutefois largement amoindrie par l’écoute régulière de la musique de la langue. À force d’entendre la phonétique d’un mot, le jeune Français s’habituera à cette musique ce qui rendra l’écoute et la prononciation largement facilitées.

Sans doute y a-t-il une opportunité au niveau de l’éducation en accordant au littoral le statut de zone franche éducative. La formule pourrait être de proposer un enseignement en anglais pour l’ensemble des cours où le français n’est pas une nécessité absolue : la géographie, les mathématiques, la physique, les arts et le sport ne pourraient-il pas être pratiqués en langue anglaise. La formule serait de permuter les postes avec des professeurs britanniques en leur proposant de traverser la Manche de façon journalière.  Après tout, le temps de parcours entre Calais et Ashford n’est que de 35 minutes et il est particulièrement compétitif dans le cas d’un covoiturage. Cette formation pourrait commencer pour les enfants en primaire et se poursuivre tout au long de leur cursus scolaire.

Une autre formule serait d’imposer aux émissions télévisées de diffuser films et reportages étrangers en version originale avec un sous-titrage en anglais, ou en français, au choix. Finalement, c’est très exactement ce que nous propose, déjà aujourd’hui, la société Netflix. Les Roumains qui partagent avec nous l’usage d’une langue d’origine romaine ne doublent pas les films. C’est ainsi qu’ils justifient leur remarquable maîtrise des langues étrangères.

Soyons imaginatifs, en quelques quinze ans, on peut modifier l’attractivité de notre littoral tout en procurant un réel atout à nos enfants.