Pour mémoire, en 2008, une étude initiée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Calais, avait mis en relief l’intérêt d’une liaison ferroviaire en prolongement du TER GV et de la ligne grande vitesse du Kent. Il s’agissait de développer une navette sur le maillon libre d’accès entre Calais et Ashford. L’étude mettait en évidence que 30 000 ménages britanniques choisiraient de s’installer sur le littoral sud du détroit dans la mesure où une navette de train leur permettait de faire la navette journalière entre leur lieu de travail dans le sud-est de l’Angleterre et leur lieu de résidence sur le littoral français. La proposition avait été basée sur un coup transport de 600 € mensuel. 

Depuis maintenant 2009, le segment entre la gare Saint Pancras à Londres et Ashford  (90 km) est parcouru par la navette ‘’Javelin’’ de Southeastern toutes les demi-heures, en 38 min. On est donc en mesure, aujourd’hui, d’analyser le retour d’expérience de cette navette ferroviaire du côté anglais.

Dvan Crowther, le directeur général de la ligne HS1, en a fait un condensé, somme toute, plutôt flatteur :

Premier constat : Le nombre de passagers a doublé sur la ligne depuis 2010. Le bénéfice économique et social global depuis 2009 a été évalué à 3,8 milliards de livres sterling (4,30 milliards d’euros). Une étude complémentaire, produite par la société d’analyse économique Volterra,  a conduit à estimer une plus value des habitations à proximité des différentes gares ferroviaires, de 1,6 milliard de livres sterling, sur les 50 prochaines années.

Pour finir, le directeur général de la ligne HS1 indique que 6 000 nouveaux emplois peuvent être directement imputés à cette ligne grande vitesse.

Or, la zone géographique concernée dans le Kent est exigüe et très dense. Les variations de prix des habitations sont beaucoup moins flagrantes tout au long de cette ligne ferroviaire britannique qu’entre le Kent et le Calaisis.

Pour autant, le projet de prolongement de cette navette, appelé Métro Transmanche, n’a jamais vu le jour alors qu’il ne pose pas de difficultés d’accès au tunnel, ni de problèmes techniques de circulation.

De ce côté-ci de la Manche, l’état des lieux n’a pas beaucoup évolué, tout au long de cette dernière décennie. Les villes les plus importantes du littoral continuent à perdre des habitants intra-muros et, parallèlement, les villes telles que Guînes, à proximité immédiate de la gare de TGV, n’ont pas encore profité de leur proximité de la ligne grande vitesse, comme on a pu l’apercevoir dans d’autres régions françaises.

Et pourtant, l’économie résidentielle est une source pérenne de création de richesse et d’emploi, largement démontrée par de multiples exemples, ici et là en Europe.

Nous avons perdu malheureusement beaucoup de temps à ne pas profiter de cette opportunité de liaison transmanche. Espérons que le cours des choses puisse être inversé avec la prise en compte des retours de l’expérience de nos voisins.