L’Europe se vend mal !

Avec un peu de recul, on peut maintenant mieux analyser les raisons du Brexit de la part de nos voisins Britanniques.

En première analyse, la situation insulaire du pays a incontestablement généré une culture d’indépendance vis-à-vis du reste du continent, témoin de nombreuses plaisanteries sur ‘’le continent isolé dans le brouillard de la Manche’’. Mais, il ne faut pas négliger non plus toute une série d’arguments psychologiques reposant sur une histoire, bien entretenue, de l’autre côté de la Manche de résistance des Britanniques vis-à-vis des agresseurs continentaux depuis l’époque napoléonienne jusqu’à l’histoire plus récente de la Deuxième Guerre mondiale. Une autre réalité affleure également : c’est le sentiment que le peuple britannique entretient des liens privilégiés avec le monde du Commonwealth, lui permettant de disposer de ressources et de marchés couvrant de nombreux territoires peuplés et étendus tout autour de la planète.

Mais tout ceci n’est, sans doute, pas suffisant. Il faut, aussi, porter un regard plus attentif sur la manière dont l’Europe s’affiche et s’est rendue, au fil des ans, plus rébarbative qu’attractive aux yeux des Britanniques.

Force est de reconnaître que la notion de coopération, de convergence économique, sociale et politique n’a jamais été bien explicitée et, donc, perçue de l’autre côté de la Manche. De fait, l’image de l’Europe qu’ont nos voisins britanniques consiste en une suite de contraintes administratives et technocratiques, renforcée par le sentiment entretenu par les élus et les médias, de nouveau, d’être les principaux contributeurs de l’Union européenne. Ce qui est, bien sûr, faux, Margareth Thatcher ayant su arracher, pied à pied, toutes les économies, exceptions et contreparties possibles pendant son long mandat de la décennie 80 à une Europe trop heureuse de la compter enfin, dans ses rangs

On pourrait développer plus largement les différentes argumentations, mais ce qui paraît intéressant à ce stade, c’est de réfléchir à la manière dont la communauté européenne communique elle même sur les différentes actions qu’elle développe.

Le plus facile est sans doute d’analyser cette communication déjà au sein des Hauts de France qui avec plus de 1,2 milliard d’euros fait partie des quatre régions françaises les mieux dotées. À titre d’exemple, sur le littoral, les travaux d’aménagement du grand site de France des Deux Caps bénéficient de fonds FEDER de 3 millions d’euros sur les 4,8 engagées. Plus à l’est, les travaux de mobilisation du champ d’expansion des crues de la vallée de l’Aa ont bénéficié de financement de 2,6 millions d’euros pour un montant de 5,3 millions engagés, de 2016 à 2018. Sur le pays de Saint-Omer, la stratégie numérique a reçu un appui de 916 000 € pour 1,5 million engagé (2017 2018).

Mais, qui en définitive a connaissance de l’importance de ce soutien de l’Europe ?

À part ceux qui s’intéressent concrètement à la chose publique, bien peu ! Semble-t-il.

À témoin, on peut reprendre les résultats de différentes élections récentes sur les territoires concernés pour noter que les mouvements opposés à l’Union européenne ne sont pas loin d’avoir la majorité des votes sur ces territoires qui ont pourtant bénéficié des aménagements du territoire largement financés par l’Europe.

On ne peut que déplorer ce manque de communication dont les conséquences pourraient être aussi désastreuses que le Brexit de nos voisins.