Regarder les trains passer !

Nous sommes, en Hauts-de-France, bien dotés en élevage bovin. Mais, pour autant, pouvons-nous nous contenter de regarder les trains passer ? En effet, il y a peu, nous apprenions que le Thalys ne desservirait sans doute plus Lille en 2019, mais ce serait également le tour des Eurostar reliant Rotterdam et Londres.

Soyons réalistes, il est extrêmement compliqué de se défendre vis-à-vis de ces entreprises ferroviaires qui ne considèrent que la clientèle des mégalopoles : Londres, Paris et Bruxelles ?  Par contre, aujourd’hui nous sommes parfaitement outillés pour prendre les choses en main. Les Régions disposent maintenant de la compétence ferroviaire.

Dès lors, des solutions s’offrent à nous.

À témoin, celle de rapprocher les deux opérateurs régionaux : le TERGV (Lille à Calais en 25 minutes) et Southeastern, (Ashford -  Londres, en 38 minutes). 

Il ne reste plus donc qu’un segment à mettre en circulation entre Calais et Ashford distants de 71 km. Ce projet dénommé métro transmanche a été maintes fois débattu et il est supporté, d’ailleurs, par la quasi-totalité des élus concernés de la Région.

Mais, comme souvent, l’écueil est financier : pour faire circuler une rame de train dans le tunnel, il  faut en effet payer les droits de passage auprès du concessionnaire Eurotunnel.

Et, de fait, ils sont plutôt élevés !  Jugez plutôt : la redevance est de 4 580 euros (en heures pleines) pour le passage d’une rame sur lequel il faut ajouter 17,68 euros par passager…

En 2013, la commission européenne s’en était émue. Le commissaire européen aux transports Siim Kallas avait notamment déploré que le tunnel sous la Manche ne soit pas utilisé à pleine capacité.  Il  attribuait ce faible usage à une tarification excessive. Un accord a été par la suite négocié, abaissant les couts de passage… pour les trains de fret, mais par de ceux des passagers.

Du côté,  de Getlink, le nouveau nom d’Eurotunnel, on peut noter, ces jours-ci, que les résultats financiers sont plutôt remarquables. Le chiffre d'affaires du groupe s'élève à 1,033 milliard d'euros.  L’EBITDA est de 545 millions d’euros.  Il s’agit, ici, du résultat de l'entreprise ne prenant pas en compte l'amortissement, les taxes et les charges de la dette… L’endettement équivaudrait, aujourd’hui, à près de six ans et demi de résultat d’exploitation… Ceci est à mettre en rapport avec la date de la fin de la concession : 2086 Getlink dispose d’encore 68 ans d’exercice…

C’est d’ailleurs probablement cette perspective d’horizon largement dégagé qui a permis à Jacques Gounon, PDG de Getlink, de répondre favorablement à la proposition de Boris Johnson de construire un pont sur la Manche.

Mais, avant de tels investissements, ne serait-il pas le moment propice pour notre région de négocier avec le concessionnaire un partenariat gagnant-gagnant, permettant de finaliser ce Metro Transmanche, au demeurant assurant au concessionnaire une activité commerciale supplémentaire et autorisant une fluidité transfrontalière au bénéfice des deux régions riveraines.