Selon l'Office national de la statistique, les entreprises britanniques ont embauché 179 000 travailleurs supplémentaires, pour la plupart des femmes, maintenant ainsi le niveau record d'emploi au Royaume-Uni à 32,7 millions. En conséquence, le taux de chômage est demeuré à son plus bas niveau depuis le milieu des années 1970, soit 3,9 %.
En dépit des prévisions et des rumeurs, le marché britannique de l'emploi fait donc preuve d'une résilience inattendue face à l'agitation politique autour de Brexit qui, il faut néanmoins bien rappeler, n’a toujours pas été mis en place à quelque niveau que cela soit.
L’incidence de ce phénomène se traduit par un nombre de postes vacants dans les entreprises britanniques proche d'un niveau record, avec 852 000 offres non pourvues. Mike Cherry, le président de la Fédération des Petites Entreprises (FSB) incrimine le Brexit, qui, de son point de vue, a dissuadé les ressortissants de l'UE de chercher du travail au Royaume-Uni. Or, ajoute-t-il, un employeur britannique de PME sur cinq fait appel à du personnel de l'UE.
La forte baisse du nombre d'arrivées européennes est donc une réelle préoccupation pour de nombreuses petites entreprises, en particulier dans des secteurs tels que la construction, les soins et l'ingénierie, où la contribution des ressortissants de l’Union européenne est si importante. Une petite entreprise sur trois affirme aujourd'hui que le manque d'accès au personnel adéquat constitue un obstacle majeur à la croissance.
Il s’agit donc bien ici d’une confirmation de ce que décrivait Jean-Claude Branquart dans l’Autrement Dit précédent : la question de l’emploi transfrontalier n’est pas du tout anecdotique particulièrement pour la région des Hauts de France. C’est particulièrement vrai pour la relation avec notre proche voisin belge, mais cela peut être vrai également pour le sud-est de l’Angleterre, véritable poumon économique du Royaume-Uni et machine à créer de l’emploi sous toutes ses formes… À plusieurs reprises, j’ai, au travers de cette chronique, mis en évidence l’indécent écart des taux de chômage entre notre littoral et le comté du Kent juste en face. Mais, voilà, malheureusement malgré les bonnes volontés affichées ici et là il n’existe encore aucun train reliant de manière pratique et rapide la gare TGV de Calais avec celles d’Ashford, Ebbsfleet et Saint Pancras, toutes, pourtant, situées à une distance praticable pour un emploi transfrontalier .
Comment s’expliquer que les Polonais, les Tchèques, les Roumains se soient insérés dans l’univers économique anglais alors que nous bénéficions de la proximité permettant à une personne de conserver son lieu de résidence de ce côté de la Manche, tout en menant une activité professionnelle de l’autre côté. C’est clairement un bénéfice réciproque pour les deux Etats : d’un côté, toute personne quittant le chômage allège la contribution collective et, de l’autre côté, le personnel transfrontalier permet d’apporter une contribution au développement économique sans recourir à des investissements en terme de logement et d’infrastructures publiques, telles que l’école, administration, etc… Les Savoyards et les Suisses du canton de Genève l’ont bien compris en créant une zone d’emploi transfrontalier au bénéfice des deux parties.
Qu’est-ce qu’on attend ?