Honni soit Qui Mal Y Pense !  

 

Étonnante volte-face de nos amis britanniques.

Depuis quelques années, il faut bien le reconnaître, les Britanniques nous regardaient avec un brin de commisération. La France était perçue par nos voisins comme un pays incapable de se réformer, mené par une idéologie socialiste datée et perturbé par des grèves incessantes…

Avec l’avènement d’un président, jeune et charismatique, notre pays semble avoir fait un virage à 180° dans l’esprit des médias et du grand public.

Trois événements différents viennent d’ailleurs conforter cette perception.

Le premier est sans doute anecdotique, vu de ce côté-ci de la Manche, mais extrêmement important dans la mémoire collective de nos voisins : il s’agit de l’offre de la France de prêter la tapisserie de Bayeux qui représente l’événement historique sans doute le plus important de la longue histoire de l’Angleterre.

Le deuxième fait est passé pratiquement inaperçu de ce côté-ci de la Manche alors qu’il a profondément interpellé les Britanniques, tant il affecte le cœur même de la culture de nos voisins. Voici les faits : depuis 1948,  les Britanniques ont établi un consensus politique autour d’un régime très protecteur de protection sociale : le National Health Service. Le NHS  fournit, en effet, l'essentiel des soins de médecine générale,  d'urgence hospitalière, de soins de longues durées, soins dentaires, etc… Or, aujourd’hui, le système croule par manque d’investissements suffisants.

Les tenants du Brexit n’avaient-ils d’ailleurs pas promis que 350 millions de livres sterling de financement de l’Europe seraient réinjectées, chaque semaine, dans les services de santé. Bien entendu, cette promesse s’est révélée intenable, mais, de plus, la situation s’aggrave avec des délais d’opérations programmées de plus en plus longs. Le NHS s’engage, en effet, à ne pas déborder la limite de 18 semaines, mais force est de constater que ce délai d’attente est très largement dépassé dans de nombreux hôpitaux du NHS.

Comme souvent, quand l’idéologie vampirise la réflexion, elle se fragilise et devient sujette à une volte-face, au vu de la réalité… On assiste donc aujourd’hui à une situation qui renverse à 180° les préjugés persistants entre le Royaume-Uni et la France. 

À témoin, ces jours-ci, la presse britannique s’est fait écho de l’accord signé entre l’hôpital de Calais et le NHS du Sud du Kent permettant à tout Britannique affilié au NHS de venir se faire soigner à l’hôpital de Calais avec une prise en charge par les services d’État britannique. Les journalistes spécialisés du Times, du Guardian, du Daily Telegraph… ne se privent pas de mesurer l’incroyable différentiel de disponibilité d’opérations entre l’hôpital de Calais et les hôpitaux britanniques.

À cet égard, je ne peux que vous recommander de taper sur votre moteur de recherche habituelle des mots-clés du type ‘’NHS UK Calais Hospital’’ pour découvrir les articles élogieux et surtout les commentaires des lecteurs. L’exemple le plus étonnant est très certainement celui du Daily Mail (journal numérique ayant la plus large audience au monde 5,3 millions de visiteurs uniques/jour). http://www.dailymail.co.uk/news/article-5290359/SUE-REID-Gleaming-new-NHS-hospital-Calais.html. Rappelons nous que ce journal était jusqu’à ces dernières semaines un des principaux adeptes du ‘’French Bashing’’.

Le troisième fait est fascinant, car il s’agit de la proposition de Boris Johnson de construire un nouveau pont sur la Manche. D’évidence, cette proposition présente un caractère quelque peu irrationnel, alors que le tunnel n’exploite encore qu’environ 60 % des sillons disponibles. Pour mémoire, il nous reste toujours à mettre en place ce fameux métro transmanche, qui consiste tout simplement à faire transiter des rames entre le Kent et la Côte d’Opale offrant une plus grande fluidité des échanges transfrontaliers. La mise en place de ce RER ne coûtera quasiment rien, car tout existe. Par contre, il offrira aux Britanniques un accès largement facilité à nos enseignes commerciales très compétitives, valorisera nos atouts touristiques et, en particulier, le nouveau Nausicaa ainsi que l’offre de mémoire des deux dernières guerres, autour de la Coupole.

Mais au-delà de ces conséquences bien connues, une immense proposition reste à développer dans le domaine de l’économie résidentielle. En effet, nous avons la chance de bénéficier d’un foncier largement disponible et infiniment moins onéreux que celui du Kent.

Calais et Boulogne travaillent sur de nombreux projets de rénovation urbaine. Les Londoniens, à 90 minutes de distance,  ne manqueront d’investir, comme ils l’ont fait dans le passé, dans ces projets et, en particulier, autour de l’indispensable ‘’Marina et Port Nautique’’ dans la rade de Boulogne qui viendra parfaitement compléter les projets d’une ville à fort potentiel d’attractivité.

C’est notre chance, nous avons un alignement de planètes incroyables.

Gageons que nous saurons la déployer.

Thaddée Segard

Le 21 janvier 2018