Le choix d’un véhicule automobile répond à une décision qui appartient, en partie, au domaine de l’irrationnel. Cependant, cette irrationalité n’est pas perdue pour tout le monde et, en tout cas, pas par les fabricants des véhicules, dits de haut de gamme.

 

D’évidence, ces marques ont pris en compte et incorporé dans leur prix de vente, depuis maintenant des années, une communication publicitaire façonnant, au fil du temps,  un statut, une image, un style… bien identifié et perçu par le propriétaire du véhicule, mais aussi par le regard de l’extérieur.

 

En essayant de regarder cette situation de la manière la plus détachée possible,  on peut être raisonnablement étonné de voir de tels bolides, souvent très onéreux, être utilisés sur un réseau routier qui a maintenant une certaine forme d’homogénéité, mais surtout qui ne permet plus de se différencier par la vitesse.

 

Reste donc une magie intangible qui continue à faire marcher la machine. Cela réside probablement dans la part cachée de chacun d’entre nous, intelligemment exploité par l’expertise marketing des entreprises concernées. Dans cet esprit, il est quand même quelque peu perturbant de constater que ceux qui ont les ressources financières de choisir se laissent prendre dans les filets marketing très élaborés,  négligeant, sans doute bien involontairement, une démarche plus opportuniste.

En effet, la presse vient de se faire l’écho d’une certaine détérioration de l’activité de l’usine Renault de Douai. Cette usine, au centre des Hauts-de-France,  est tournée vers le haut de gamme. Elle produit des véhicules premium de Renault. Il s’agit d’un site de production important qui emploie 3 000 salariés en CDI et 1 460 intérimaires. Victime d’une baisse trop marquée des ventes, la société Renault est contrainte de baisser les cadences de production d’une des deux équipes qui passera de 60 à 30 véhicules par heure, cela partir du 20 novembre prochain, et cela pour une durée indéterminée.

 

La conséquence immédiate pour notre région est d’une double peine, outre le fait qu’il est dommage de constater que les emplois soient à 1 000 km de chez nous, nous serons tous collectivement amenés à supporter la baisse d’activité de l’usine de Douai avec une prise en compte des salaires perdus,  compensés par l’impôt collectif.

 

Prenant en compte les intégrations technologiques du groupe Renault- Nissan, aujourd’hui à la première place au monde,  il serait bien étonnant que  la production de véhicule de haut de gamme régionale ne soit pas du niveau de qualité requis par les fins connaisseuses en technologie automobile. Il est par ailleurs surprenant de constater que les 25 milliards d’euros d’amendes cumulées adressées au  groupe VW, associées à la plainte déposée pour l’entente de plusieurs fabricants de véhicules premium allemand a eu peu d’impact sur les ventes de leurs productions respectives.

 

Si l’argument technique n’est pas entendu, les clients des véhicules premium ne devraient ils pas être attentifs au fait que leurs décisions cumulées fragilisent la base de la pyramide économique et sociale au haut de laquelle ils sont juchés.

 

Thaddée Segard