Un «plan digues» pour lutter contre les crues, y compris dans le Nord-Pas-de-Calais

mardi 13.07.2010, 18:01 - La Voix du Nord

Les travaux de la digue de Wissant devraient coûter 3 millions. PHOTO ARCHIVES GUY DROLLETLes travaux de la digue de Wissant devraient coûter 3 millions. PHOTO ARCHIVES GUY DROLLET

| ENVIRONNEMENT |

Après la tempête Xynthia, Nicolas Sarkozy avait annoncé un «plan digues» pour renforcer les côtes françaises. Quatre mois plus tard, ce plan, qui concerne notamment le Poitou-Charentes, Pays-de-Loire et le Nord-Pas-de-Calais, a été présenté ce mardi en conseil des ministres.

 

Le « Plan digues », lancé en mars, présenté mardi en conseil des ministres par le ministre du Développement durable Jean-Louis Borloo, prévoit le renforcement de 1 200 km de digues fluviales et maritimes mais aussi de mettre l'accent sur la prévention, avec l'identification d'ici fin 2010 des « zones à haut risques » de submersion, qui bénéficieront d'un plan de prévention des risques (PPR) dans les trois ans.

La France compte plus de 9 000 km de digues dont un millier contre la mer, parmi lesquelles un tiers poseraient problème, notamment en Pays de la Loire, Poitou-Charentes et Nord-Pas-de-Calais. Sur l'ensemble de ces digues, un tiers sont gérées par des maîtres d'ouvrage « qui n'ont pas les capacités techniques ni financières de remplir toutes leurs obligations, y compris en zone urbaine » expliquait récemment l'experte du ministère de l'Ecologie, Anne-Marie Levraut. Or la moitié des digues fluviales nécessiterait des travaux. Le Plan digues (intitulé « Propositions pour un plan de prévention des submersions marines et des crues rapides ») suggère donc un transfert de compétence aux communes et départements avec, dès janvier 2011, un contrôle renforcé et des sanctions administratives et pénales éventuelles.Le Plan recommande également la révision des plans de prévention des risques (PPR) « dont très peu prennent en compte le risque de submersion marine » - tel qu'il s'est manifesté en Vendée ou 
en Charente-Maritime lors de la tempête Xynthia du 28 février (53 morts). Les PPR devront en outre tenir compte de la future hausse du niveau de la mer liée au changement climatique.

Après les inondations soudaines dans le Var mi-juin (25 morts et disparus), il s'agit aussi d'intégrer dans les plans le ruissellement - distinct des crues car beaucoup plus rapide: il survient en moins de 2 heures. Aucun ne le fait à ce stade, comme Draguignan l'a éprouvé à ses dépens. « Malheureusement, ce sont toujours les drames qui nous font progresser », reconnaît Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie.

Le Plan digues veut développer la culture du risque, préconisée par la mission d'information du Sénat sur Xynthia.

Météo France sera chargé l'an prochain de mettre en place un service d'alerte départementale sur les risques d'inondations en cas de pluies intenses, actualisé toutes les 5 minutes. Et fin 2011, un système de vigilance « fortes vagues » le long des côtes devra être créé avec l'aide des services compétents. Enfin, les communes dotées d'un PPR devront adopter et tester un « plan de sauvegarde » leur permettant d'alerter et, si nécessaire, d'évacuer les populations. Sur plus de 10 000 PPR aujourd'hui, moins de 2 000 sont accompagnés de plans de sauvegarde. D'où les bilans dramatiques du premier semestre 2010.

LA PHRASE

« Pour commencer, on arrête les bêtises, on ne construit plus en zone inondable et on ne fait plus de digues pour construire derrière», prévient la secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, Chantal Jouanno. Les digues existantes seront expertisées d'ici la fin de l'année, quitte à supprimer celles qui n'apparaitront pas essentielles. 
«Sinon, à un million d'euros le kilomètre de travaux de confortement, le budget entier de l'Etat n'y suffirait pas», note Mme Jouanno.