Dans une récente chronique, j’invectivais la presse populaire britannique noircissant, sans retenue, l’image de Calais…

C’est effectivement non seulement consternant, car cela ne correspond pas du tout à la réalité, mais, de surcroit, déraisonnable, car Calais et, par extension la Côte d’Opale, pourrait se révéler être une véritable chance pour les entreprises Britanniques et les habitants du Kent rétamés, de leur coté, par la hausse continue du coût du foncier.

Une navette permettant de travailler dans le Kent tout en résidant de l’autre côté du détroit pourrait être une des solutions. En effet, la gare TGV de Calais n’est qu’à 35 minutes d’Ashford et moins de 60 minutes du centre de Londres. Cela soulagerait la pression foncière au nord et se révélait être une fantastique opportunité économique pour la partie sud.

Cela fait plusieurs années que le projet Metro transmanche est dans l’air, susceptible de tirer parti des sillons encore disponibles sur la ligne TGV existante, via le tunnel. Les entreprises du Kent pourront profiter d’un foncier largement moins onéreux leur permettant d’améliorer leur compétitivité mise à mal par les hausses continues des charges locatives, sans oublier la difficulté de recrutement d’une la main d’œuvre qui peine à se loger dans un territoire saturé.

L’exemple du bassin Valdo-Genevois, regroupant le canton Genève et une partie de la  Savoie, est significatif. On peut y mesurer l’immense avantage obtenu par  les deux parties. 

Sur le littoral, la venue d’une nouvelle population compensera la diminution et le vieillissement des habitants tout en apportant un flux financier non négligeable et une activité économique supplémentaire dont notre littoral a bien besoin actuellement.

Madame Natacha Bouchard, la Maire de Calais, a parfaitement saisi cette opportunité. À chaque occasion, elle n’hésite pas à imprimer son engagement de rendre ce métro transmanche fonctionnel, d’ici la fin de sa mandature. La dernière fois, c’était à Ashford devant les représentants économiques et politiques du Kent. Les responsables du Kent ont d’ailleurs convenu que le Kent manquait cruellement de logement, mais aussi de main-d’œuvre.

Il est navrant de devoir constater que ce projet a été constamment reporté aux calendes grecques sur la base d’une évaluation de coût financier qui repose principalement sur les couts d’accès du tunnel. Or, Jacques Gounon, le président d’Eurotunnel, a toujours indiqué que ce projet était d’une part possible, mais, de surcroit,  qu’une négociation sur les tarifs d’accès tunnel était envisageable.

On peut d’ailleurs tout à fait le comprendre : actuellement l’assiette d’Eurotunnel repose singulièrement sur deux assises : l’accès des trains au tunnel et le Shuttle. Le trafic transfrontalier est donc le troisième jambage du trépied. Compte tenu de la date ultime de la concession, pour mémoire 2086, il reste à Eurotunnel encore 70 bonnes années pour un retour sur investissement qui pourra se faire, d’ailleurs sur la base d’un cout marginal, donc privilégié.

Tout est donc largement ouvert pour créer une vraie dynamique transfrontalière, bien éloignée du Calais bashing de la presse populaire d’outre-manche.

 

 Thaddée Segard