« UN GÂCHIS D’ARGENT À LA MER »

Cette photo a été prise il y a huit jours. Entre temps, des pieux ont été ajoutés mais n’ont pas empêché le retrait du sable.

Ces deux derniers jours, avec les importants coefficients, la mer a déjà englouti un impressionnant volume de sable. De quoi affoler, Jean Renard, riverain mais également ancien président de l’association de la Dune d’Aval. L’homme s’est battu pour défendre une protection par enrochement. En vain. « Je suis scandalisé. Tout ce gâchis d’argent qui part à la mer n’est pas admissible ! »

Pour rappel, ce chantier qui a attiré les curieux au début du mois de juillet (notre édition du 9 juillet) est estimé à 1,2M€ hors taxes, financé à 70 % par des fonds européens et à 30 % par Wissant, soit 365 928 € HT pour la commune.

RÉENSABLEMENT MASSIF

Christian, un autre riverain, se dit lui aussi interloqué par ce choix de réensablement. « Je ne comprends pas bien pourquoi ils refusent les enrochements. On voit bien que ça ne fonctionne pas. »

Selon les calculs à la louche de Jean Renard, le sable se serait envolé sur 17 m de large par 200 m de long, laissant un creux de 2 m de hauteur. Si l’on n’a pas mesuré, ses calculs semblent crédibles sur le terrain. « On en vient à se demander à qui profite le réensablement ? Je garde une note d’espoir : une solution efficace en enrochements peut toujours être mise en œuvre rapidement pour garder le bénéfice de ce réensablement. »

Sur ces photos prises, hier après-midi, on constate un net retrait du sable au départ des pieux parralèles à la mer (à droite du cliché). Un creux d’environ deux mètres de hauteur s’est formé.

Ce n’est pas prévu par les services de l’État, qui privilégient une protection douce (lire aussi ci-dessous). Un réensablement massif de 500 000 m3 est aussi envisagé d’ici trois ans sur 2,5 km de long. Reste à savoir qui acceptera de prendre la maîtrise d’ouvrage et comment le financer…

SILENCE EMBARRASSE DU MAIRE

Contacté à plusieurs reprises, le maire, Bernard Bracq, n’a jamais donné suite à nos appels. La municipalité est pourtant maître d’ouvrage du chantier. Il est donneur d’ordre, entre autres. C’est donc au maire de se manifester ou pas sur les questions relatives au chantier. C’est aussi à Bernard Bracq de répondre aux inquiétudes des riverains. Il les informera peut-être prochainement, à défaut de vouloir répondre à la presse.

Régis Darré, adjoint aux finances, a néanmoins décroché son téléphone. S’il a commencé par nous dire « qu’il n’était au courant de rien», il a finalement lâché : « le réensablement, ça vaut ce que ça vaut. » Il a même concédé que ni lui, ni le maire, n’était convaincu par cette méthode. Pourquoi ne pas avoir alors soutenu un enrochement ? « C’est l’État qui nous dicte ce que nous devons faire. L’enrochement nous a été interdit par la DDTM (Direction départementale des territoires de la mer). »

À la DDTM, on nous renvoie vers la mairie. « C’est au maître d’ouvrage de vous répondre, mais il faut aussi laisser un peu le temps au projet de se stabiliser. Le chantier n’est pas achevé. Il va être consolidé. Nous n’avons pas de données, mais la mairie nous aurait alertés s’il y avait un péril imminent. »

MARIE-CAROLINE DEBAENE