La Direction départementale des territoires et de la mer n’exclue plus la réalisation d’une défense en dur si la situation ne s’arrange pas. 

 Sait-on combien de sable est encore parti en janvier ?

« Nous allons faire des mesures mardi prochain. C’est vrai qu’il y a eu un gros recul assez inquiétant. Nous allons à la fois mesurer le recul et la hauteur du sable, pour voir si celui-ci est entièrement reparti à la mer ou s’il s’est étalé de manière différente, notamment en direction du perré ou du nord de la plage. »

–  Ce réensablement de juin dernier est-il un échec ?

« La situation n’est pas brillante mais on ne pourra dire que c’est un échec que dans quelques mois. La dune a une vie inégale selon les années. On peut espérer qu’elle se reconstitue au moins en partie au printemps… On saura si c’est un échec complet cet été. On s’était donné un an pour faire un premier bilan. »

 

 Les pieux plantés devant la dune n’ont pas retenu le sable…

« Ils étaient censés affaiblir la houle mais ça n’a pas suffi. En plus, il y a eu un «effet de bord» du perré : en bordure d’un ouvrage en dur, il y a des effets de fuites de sable supérieur à la perte générale de sable dans la baie de Wissant. »

 Que comptez-vous faire maintenant ?

« Nous allons discuter avec le maire la semaine prochaine et voir ce qu’il est possible de faire. L’idée générale est que nous faisons tout pour sauver le paysage du cordon dunaire naturel, sa faune et sa flore sans bâtir de «grands murs» tout de suite. C’était le but de cette opération de réensablement que nous avions conseillée au maire. Mais s’il s’avère que le maintien du milieu naturel n’est pas possible et que la menace sur l’habitat qui se trouve derrière se poursuit, il faudra passer à autre chose… Pourquoi pas une réalisation en dur. »

–  Un enrochement, comme le réclame depuis des années l’association des Amis de la dune d’Aval ?

« Oui, peut-être. Il faudra en discuter avec tous nos partenaires. Sur le littoral, il faut faire attention à ce qu’on fait... »

(*) Direction départementale des territoires et de la mer. Les DDTM sont les services décentralisés de l’État qui mettent en œuvre les politiques publiques d’aménagement et de développement durable des territoires et de la mer.

Et le réensablement massif de la baie ?

Qu’en est-il du réensablement massif de la baie censé venir compléter l’opération menée en urgence l’été dernier devant la dune d’Aval ? «  On attend l’arrivée du nouveau sous-préfet pour remettre autour de la table tous les partenaires de l’opération  », explique François Nadaud, directeur adjoint de la DDTM.

Ce projet, qui est une préconisation de l’État, est «  prévu à plus long terme, à 3, 4 ou 5 ans, explique-t-il. Ça va coûter cher et c’est compliqué à mettre en œuvre  ». La DDTM va présenter plusieurs études réalisées ces dernières années et mois : sur la bathymétrie (mesures de profondeurs dans la baie) et sur les gisements de sables possibles sur cette façade littorale des Hauts-de-France. «  Avec tout cela, on est capables de réfléchir sérieusement sur le projet de réensablement massif de la baie de Wissant. On sait où on pourra prendre le sable et on connaît les effets des courants…  »

Une chose est sûre : la baie est en déficit global de sable. L’érosion est un phénomène étudié depuis près d’un siècle à Wissant, et s’est nettement accélérée depuis quelques années.