L’art de se tirer dans le pied. Ce qui se passe en Angleterre actuellement va servir de leçon à tous les boutefeux opportunistes qui surgissent régulièrement, ici et là. Rappelons-nous, en effet, la suite des événements du maintenant fameux Brexit : le 20 février 2016, David Cameron constatant la progression des sondages du parti UKIP et la dérive possible d’une partie des élus conservateurs vers leurs positions, annonce le référendum sur l’adhésion du Royaume-Uni à la communauté européenne. La suite, on la connait. Le 24 juin 2016, le monde se réveille avec l’annonce d’une défaite électorale complètement inattendue et incompréhensible, consécutive à une incroyable faiblesse des arguments des politiciens défendant la position du ‘’Remain’’. Le choc de cette défaite a créé un profond séisme politique, emportant David Cameron dans la tourmente. Theresa May (ex Remain, par ailleurs) fût nommée à la direction du pouvoir avec une doctrine toute simple : Brexit means Brexit… La vision du futur du Royaume-Uni est, pour le moins, obscurcie. Les politiques se renvoient la patate chaude. Les milieux d’affaires sont, pour la plupart excédés, et le gouvernement peine à définir une politique et une stratégie pour le Brexit. Pour compliquer la tâche, l’opposition travailliste vient de changer de position en prônant maintenant une stratégie visant à quasiment rester dans la communauté européenne moyennant quelques modifications de principe… Mais paradoxalement, cet imbroglio politique cache une autre réalité. En dépit de cette confusion, la situation économique du pays paraît encore saine. Le taux de chômage baisse encore : il se situe à 4,5 %. Plus impressionnant encore, le taux d’emploi soit la proportion de personnes en emploi entre 16 et 64 ans est de 74,8 % au Royaume-Uni alors qu’en France il n’atteint que 65,3 %. Avec la baisse sensible du Sterling, l’inflation s’accroit de 2,3 %, mais bien moins qu'anticipée, témoignant des réserves de compétitivité d’un pays où la productivité est notoirement faible. Vu d’une perspective régionale, nous avons tout à gagner d’un voisin puissant. Le Royaume-Uni est notre premier excédent d’échange commercial et le trafic transmanche est vital pour la Région des Hauts-de-France, mais surtout, bien sûr, pour le Calaisis. Par ailleurs, de par son histoire, le Royaume-Uni a hérité d’atouts, uniques au monde. Cela passe de la maîtrise des outils financiers, par l’avantage que lui procure la langue anglaise pour la communication, la culture et le rayonnement sur un certain nombre de pays partageant la même langue, mais aussi une capacité d’adaptation juridique et politique permettant Royaume-Uni à s’adapter à l’évolution extrêmement rapide des technologies. Dans une société de plus en plus tertiaire, on assiste à une importance grandissante du ''soft power'' où le Royaume-Uni règne en maître. In fine, on peut raisonnablement penser que le Brexit sera ‘’soft’’. Cet épisode aura, entretemps, permis de renforcer l’identité européenne, tout en gardant les atouts indéniables de nos voisins britanniques.